Se lever le matin n’est pas une vraie partie de plaisir. Déjà, y a ton réveil. Toi t’es peinarde sous la couette, en train de rêvasser en te réveillant doucement –aah l’habitude des horaires- et là BOUM ! T’as Dickinson qui t’agresse en te gueulant sa peur du noir dans les oreilles. Bon ok, ce serait peut-être à moi d’avoir l’initiative de changer de sonnerie de réveil. Iron Maiden c’est surtout cool quand t’es levée que tu cherches à te défouler en dansant en sous-vêtements dans l’appart. En suite, il y a ces deux minutes qu’on passe TOUS (fait pas l’innocent, je sais que tu le fais aussi) assis au bord du lit, les yeux à moitié ouverts, les cheveux en pétard et une expression du visage qui pourrait signifier qu’on est en train de réfléchir au sens de la vie. Sauf que nan, t’es juste en train de te demander pourquoi est-ce que les nuits ne peuvent pas durer un peu plus longtemps. Quoi que, dans mon cas je fait surtout le décompte dans mon esprit pour savoir combien de nuits je passe encore seule. Forever alone comme disent les jeunes, mon plus gros complexe. Mes fesses ? Mon bide ? Nan j’m’en fous, si j’y pense ça va m’empêcher de me goinfrer et ça c’est pas possible.
Enfin bref. J’abandonne mon Pikachu en peluche pour me diriger à la cuisine et me préparer un bon petit déj. Tartines de nutella, chocolat froid et jus d’orange. Rien de mieux pour le matin. Et de suite, rien que de voir ça sur ma table basse, ça me donne le sourire. J’vais encore bien me péter la panse, c’est parfait ! Je me cale sur le canapé, j’allume la télé et je commence à savourer tout ça. Je prends mon temps. Après tout, vu l’heure, je ne suis pas pressée et j’habite juste à côté de la clinique donc autant ne pas speeder pour rien. Puis c’est pas mon genre du tout. Sauf quand je suis en retard ou que j’ai un rendez vous important. Là par contre je peux me presser sans réfléchir, ce qui a souvent tendance à me foutre dans des situations complètement débiles. Genre oublier de mettre mes chaussures, ça m’est déjà arrivé. Sisi.

Le petit déjeuner englouti, on file à la salle de bain. Une bonne douche pour commencer, pour se réveiller un peu mieux, accompagnée d’un peu de musique. Et c’est parti pour un petit concert sous la douche. Y a personne qui m’écoute, mais tant mieux. Ça vaut bien mieux pour la santé des oreilles de quiconque. Je sors quelques minutes plus tard, je me sèche et je m’habille. Un débardeur Nirvana tout simple, un châle noir à franges et un pantacourt en jeans. Enfin, qu’importe de la façon dont je m’habille, étant donné que ça sera caché par ma blouse. Je passe un rapide coup de brosse dans mes cheveux, et pour le moment je les laisse libre tout en prévoyant un élastique ou deux. C’était mieux de les attacher lorsque j’exerçais mon métier, histoire qu’un hamster ne s’étouffe pas avec un cheveu. Ce serait triste. Pis je dirais quoi au proprio, moi ? Non vraiment, c’est mieux de les dégager. Après ça, un rapide passage au visage, afin de paraître un minimum réveillée et avoir bonne mine, puis je suis quasi prête.
Je passe dans le salon pour récupérer mes papiers et mon sac à main, dans lequel je vérifie si j’ai tout ce qu’il me faut. Je ne peux pas m’empêcher de passer par l’un des placards et de m’emparer d’un paquet de M&M’s qui trônera certainement sur mon bureau toute la journée. Du moins, jusqu’à ce que je le finisse. Je m’apprête à partir, mais je me rend compte que j’ai zappé mon portable dans la salle de bain. Eh merde, encore un peu et j’allais partir sans. Sacrilège. Je m’en vais donc le chercher, et je m’aperçois alors que j’avais reçu un sms. Il me faut peu de temps pour vite le consulter, et constater qu’il s’agit de Chloe qui me demande si j’avais besoin d’aide à la clinique aujourd’hui. La miss ne pouvait pas mieux tomber ! Nicholas, mon assistant,  avait une formation aujourd’hui, du coup j’allais me retrouver seule, mais maintenant ce n’est sans compter sur mon ancienne stagiaire. Un grand sourire aux lèvres, je lui réponds rapidement que ça ne serait pas de refus, puis je sors de l’appartement tout en prenant soin de bien fermer derrière moi.

Je n’ai pas beaucoup de mètres à faire pour atteindre la clinique. J’avais été très stratégique lorsque j’avais choisi son emplacement et lorsque j’avais acheté mon appartement. Un peu feignasse sur les bords, oui oui. Une fois que j’arrive au niveau de la porte, je rentre grâce à mes clés mais la referme derrière moi pour le moment. Ce n’est pas encore l’heure de l’ouverture, il me reste encore une petite demie heure pour tout mettre en place. Mon premier reflex, c’est d’ouvrir les volets. Ça fait rentrer la chaude lumière dans le hall principal composé de la salle d’attente et de l’accueil et c’est bien plus chaleureux ainsi. Je fais le tour pour bien vérifier que rien n’a bougé, puis je vais faire un passage dans l’arrière de la clinique, où se trouvent les animaux en convalescence. Étant donné que c’est une petite structure, il y en a vraiment peu, mais ils méritent tout autant d’attention. Aujourd’hui, il n’y avait que Spot et Paddy. L’un était un labrador qui avait trouvé ça marrant de sauter par dessus des fils barbelés pour aller jouer avec les vaches sans penser que ses p’tites poignées d’amour lui feraient défaut, et l’autre un pauvre minou qui s’était fait rouler sur la patte arrière. Ils allaient en avoir encore pour quelques jours. Je les nourris et fait un rapide contrôle tout en leur parlant, ce qui est normal d’après moi, avant de retourner au hall central pour pouvoir ouvrir la clinique pour la journée. Je tourne la clé, ouvre la porte principale, et c’est parti pour bosser ! Bon pour le moment c’est évidemment calme hein, j’ai pas les gens qui attendent devant avant l’ouverture comme si c’était un centre commercial.
Je me dirige donc vers mon bureau, pose mon paquet de M&M’s dessus et commence à consulter l’agenda électronique. En effet, j’avais bien fait d’accepter l’aide de Chloe, c’était plutôt chargé aujourd’hui. Tiens, d’ailleurs, la voilà qui arrive ! Du moins, ayant la porte de mon bureau entre ouverte, il m’a semblé entendre son vélo. J’ai une très bonne oreille, et dès que je l’entends frapper à la porte, je m’empresse de lui autoriser d’entrer. Enfin de toute façon je l’aurais pas non plus laissée poireauter devant la porte. Bichette. Je me lève aussitôt de ma chaise lorsqu’elle rentre, afin de venir la saluer. Pas de manières qui tiennent, avec moi. Elle n’est plus ma stagiaire, alors je la considère davantage comme une amie.

« Salut miss ! Ça va, et toi ? »

J’affiche un grand sourire. Je suis toujours de bonne humeur de toute manière. Enfin… Aux yeux des autres je fais tout pour l’être en tout cas. Mes yeux se mettent à pétiller à la vue du sachet qui semblait sortir tout frais de la boulangerie du coin –la meilleure, qu’on soit bien d’accord-.

« Oh mais c’est super gentil ça ! Merci beaucoup, t’es adorable. »

Je m’empare du sachet lorsqu’elle me le tend, et malgré le petit déjeuner assez copieux que je m’étais enfourné ce matin, cela ne m’empêche pas de prendre un mini pain au chocolat.

« Tu en veux ? » Je lui propose gentiment, avant de reprendre la parole. « Tu tombes à pic aujourd’hui : Nicho’ est en formation, et j’ai pas mal de rendez-vous, alors gérer ça toute seule aurait vite fini par me foutre à terre avant la fin de la journée. » Je ris doucement. « Puis ça me fait plaisir de te voir. Tout se passe bien au zoo ? »
Je lui souris, avant de lui proposer de s’asseoir afin que l’on puisse discuter un peu, en attendant que notre premier client ne fasse sont entrée dans la petite clinique.