Rob et ses potes avaient décidé, comme souvent, de faire la fête ce soir-là. Sans aucun étonnement ils s’étaient donc rendus au Megusta Cerveza et avaient commandé une tournée générale de bière. Il était encore tôt et le bar n’était pas vraiment rempli, ce qui faisait qu’on entendait surtout les grosses voix et les rires bien masculins du groupe de garçons. Pourtant la musique n’avait pas tardé à se faire un peu plus forte marquant le début d’une soirée qui promettait, comme d’habitude, d’être épique. Après tout, toutes les conditions étaient réunies pour cela : ils étaient entre mecs, ils avaient de la bière et Rob était presque complétement sorti de sa déprime post-brisage de cœur. Après près de trois semaines à se noyer dans le whisky pour oublier la perte de Léo, il semblerait que, une nouvelle fois, Rob avait tiré un trait sur l’ex « femme de sa vie ». Ses coups de cœur étaient aussi vite effacés qu’intenses. Rob était un véritable cœur d’artichaut qui n’allait surement pas tarder à se trouver un nouveau grand amour de sa vie. Non pas qu’il se cherchait une copine même si le Kingsley, en tant que grand romantique, était un super petit copain mais il flasherait sur une fille sans même s’en apercevoir. Un regard lui suffisait, un sourire ou une attention. Chacun ses points faibles grands ou petits, lui aimait être amoureux.
Mais ce soir-là les mecs lui avait faire promettre d’ « enfin arrêter de les saouler avec les meufs », Wally le premier parce que son colocataire était super mal à l’aise que son meilleur pote chouine à cause de sa petite sœur (car oui Rob avait eu le cœur brisé par Léo la petite sœur en question). Le pauvre avait dû écouter Rob se lamenter pendant les trois dernières semaines et il n’en pouvait plus. L’employé de la mairie avait d’ailleurs fini par arrêter de geindre lorsque Wally lui avait envoyé sa manette de Playstation dans la tronche. C’est pas que ca faisait bien mal mais ça avait surpris Rob qui s’était pris les pieds dans le pauvre Gustave (le chien), tombant ainsi en arrière. Dans sa chute, il s’était bouffé le bord du comptoir dans la tronche ce qui l’avait amené aux urgences mais ceci était une tout autre histoire. La conclusion était juste que Rob s’était considérablement calmé et qu’il était fin prêt à profiter pleinement d’une soirée au bar à boire des bières avec ses potes. D’ailleurs en parlant de bière, il n’en a plus.
Rob passe derrière le comptoir sans se soucier du fait qu’il n’était qu’un simple client ici. Après tout, il a bossé au Megusta Salsa pendant des années, au black, et il connait tout le staff. Certains ne savent même pas qu’il a changé de taf et qu’il est maintenant employé à la mairie. Genre il a une sécurité sociale s’il vous plait, c’est un échelon de l’échelle social de grimpé pour lui (il en était au niveau 0 depuis près de quinze ans, donc j’ai envie de dire : c’est pas trop tôt mec). Bref, il a envie d’une bière et vu qu’il y a plein de monde au bar, Rob a décidé de se la servir tout seul comme un grand. Bon okay, il va surement se la servir et la voler en même temps, mais c’est pas de sa faute, il « oublie » tout le temps de payer. Rob attrape donc un verre et y verse sa bière favorite. Alors qu’il fait cela, une nana lui demande un mojito et sans vraiment savoir pourquoi il se retrouve à faire le barman. Il faut dire qu’Hannah et John, les vrais barmans, sont dépassés et ne savent plus où donner de la tête. Ils croient d’ailleurs que Rob bosse encore avec eux car rien ne les choque dans le fait que le Kingsley soit derrière le bar. Rob, bien trop gentil, n’ose pas partir et est coincé là. Il sert les bières les unes après les autres et voit au fond de la pièce ses potes qui se marrent sans lui. Ca fait toujours plaisir de savoir qu’ils se demandent pas du tout où il est. En voyant cela, Rob décide de se faire une mission d’extraction de sa bière et de lui-même.
Plein de clients lui balancent leur commande, mais lui se verse un nouveau verre et, doucement, il se cache derrière le bar. Quelques personnes l’ont vu faire et hésitent maintenant entre perplexité et rire (perso je serais perplexe). Il avance à quatre pattes, hors de vision des gens sauf des. Le Kingsley arrive alors à sortir du calvaire dans lequel il s’est lui-même fourré, et il se relève soudainement, libre et pas peu fier. Il arbore un grand sourire, qui disparait alors qu’il évite ni une ni deux une nana. Le choc aurait pu faire tomber sa précieuse bière mais celle-ci reste sauve. Ça aurait été le pompom ça, qu’il ait fait le barman pour rien.
« Oops, scuse moi ! »
Il relève les yeux vers une jolie brunette et lui offre un sourire un peu bêta. Faut dire que c’est un peu de sa faute si il a jailli devant elle sans prévenir de rien.
