Elle meurt. Non, ce n’est même pas une exagération. Léonie Eddison est clairement en train de passer l’arme à gauche tandis qu’elle se traîne dans la cage d’escaliers de son immeuble. Pourquoi faut-il qu’elle habite au troisième avec sa meilleure amie ? Ne pouvaient-elles pas se trouver un appartement au premier ? A la limite, si ce putain d’ascenseur marchait, ce serait de suite bien plus facile ! Mais non. Ca va faire deux mois que la boite de métal de bouge pas d’un pouce, apparemment bloqué entre le cinquième et le sixième étage. Aspen et Leo sont bien évidemment allées pousser une gueulante auprès de l’aimable concierge de leur immeuble mais cette dernière a haussé les épaules en leur répondant d’un air patibulaire que ce n’était pas elle qui réparait les ascenseurs et que les techniciens ont sûrement beaucoup de travail. Oui bien sûr. Une semaine, ça va. Deux bon, on fait avec. Mais deux mois ? Alors qu’elle s’accroche à la rampe en métal, Leo se dit qu’elle devrait retourner chez Miss Berckins pour aller exploser tous ses petits chatons en porcelaine que la vieille grosse dame collectionne depuis des années. La brunette est persuadée que si elle usait de la menace ou de la force, la concierge accepterait de faire quelque chose. Il faudra qu’elle en discute avec sa meilleure amie, qu’elles préparent un plan d’attaque… Elles devraient prendre en otage Monsieur Muche, le chat bien gros et moche de Miss Berckins. Elle souffle sur une mèche de cheveux qui barre son visage et l’empêche de voir correctement. Encore une dizaine de marches. Les dernières sont les plus difficiles. Il est quatre heures du matin et la jeune femme termine juste son service dans un bar animé de la côte. Avant ça, elle a travaillé toute la journée dans le restaurant de l’usine. Oui. De sept heures hier matin jusqu’à aujourd’hui quatre heures du matin. Ah les journées de Leonie sont extrêmement bien remplies ! Trois… Deux… Un… Troisième ! Elle pousse un soupir de satisfaction, termine de se trainer dans le couloir jusqu’à la porte et s’engouffre dans l’appartement silencieux. Tel un zombie, elle marche les yeux fermés pour rejoindre sa chambre. Sans même prendre la peine de retirer ses vêtements, elle s’effondre à plat ventre sur le matelas, visage dans l’oreiller et… S’endort directement.
Elle était bien. Elle était même très très bien. Sauf que d’un coup, elle se retrouve sur un bateau au milieu d’une tempête. Putain. C’est violent. Ca secoue. Ca tangue. Ca tourne. Ca donne clairement envie de vomir. Leo se redresse brusquement et, à la vitesse de l’éclair, court jusqu’aux toilettes pour dégobiller. Merde. Agenouillée devant la cuvette, prenant de grandes inspirations par la bouche, elle tente en vain de calmer les violents nausées qui lui tordent l’estomac. Faudrait qu’elle songe à aller voir un médecin, ça va faire presque une semaine qu’elle est malade. Ugh. Ah ça va mieux. Oh non, fausse alerte, elle doit vomir encore une fois. Elle pousse un grognement de mécontentement pour se laisser tomber assise à côté des toilettes ; Leo sent que ce n’est pas une bonne idée de se relever pour retourner dans son lit. Elle avait raison. Encore une dernière fois, la brune se penche pour régurgiter ce que contient son estomac, à savoir, de l’eau. Ugh. Une voix lui parvient, celle de sa meilleure amie et coloc : Aspen.
«
Choupette ça va ?-
Ouai ouai. » Répond Leo tout en tirant la chasse d’eau.
Aspen a complètement ouvert la porte au moment où notre chère Leo se relève, un peu titubante. Sa tête lui tourne encore un peu, elle inspire profondément alors que son amie lui lance une pique qui ne la fait qu’à moitié rire. Hahaha. Quand cessera-t-elle de faire des allusions à Thomas ? Cela deviendrait presque lassant. Leo sourit vaguement, sort des toilettes avec son amie sur les talons pour se rendre dans la salle de bain.
«
Hahaha. Tu es hilarante, Forman. Dit-elle en se passant de l’eau sur le visage pour se réveiller.
Je sais pas ce que j’ai, tu as dû me refiler ta saloperie, ça fait une semaine que j’arrête pas d’avoir des nausées. Ugh. Je n’en peux plus, sérieux. »
Elle attrape sa brosse à dent après avoir rincé sa bouche puis se lave les dents avec acharnement. Pauvre brosse, elle doit passer un très mauvais moment vu comment Leonie s’acharne sur sa dentition pour retirer l’ignoble goût qui lui reste en bouche. Une fois fait, la brune part à la recherche d’un cachet pour calmer cette sensation de nausée qui commence vraiment à lui courir sur le haricot. Elle ouvre les placards, fouine et sans faire exprès, fait tomber la boite « saignante ». A savoir celle où les deux jeunes femmes rangent serviettes, tampons etc pour la meilleure période du mois. Leo râle, se penche pour ramasser en remarquant que, la réserve n’a absolument pas bougé depuis quelques temps. De son côté, ça n’a rien d’étonnant, depuis son cancer, ses menstruations sont des plus irrégulières, pouvant ne rien avoir durant six ou sept mois par moment. Mais Aspen ? Leo relève ses yeux vers Aspen, pensive.
«
Aspen. C’est quand la dernière fois que tu as eu tes règles ? » Demande la brune, suspicieuse.
Des années que les deux brunes vivent ensemble, à force, on finit par connaître tout l’une de l’autre, jusqu’à son cycle menstruel, oui, parfaitement. Puis, il n’est pas compliqué de louper Aspen lorsque celle-ci à ses règles -tout comme Leo- elles restent toutes deux à manger de la glace en pyjama et à pleurer pour rien devant un reportage sur des babouins. Oui, c’est déjà arrivé. La bouche de Leonie s’ouvre puis se referme plusieurs fois consécutives. Non. Si ? Noooooooon. Les yeux écarquillés, elle fixe sa meilleure amie, à la limite de la syncope.
«
Ne me dis pas que… NON. C’est ce fils de pute ? Oh mon dieu, je vais le tuer. Je te jure que je vais lui faire bouffer ses cheveux après l’avoir castré. »
Et ce ne sont pas des paroles en l’air !
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